Une augmentation de salaire en 2015, faut-il y croire ? Les économistes français et allemand Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein en ont refroidi plus d’un en remettant le 27 novembre aux ministres de l’Economie de l’Hexagone et d’outre-Rhin, leurs propositions pour relancer la croissance.
Car parmi les solutions avancées dans leur rapport, celle de geler les salaires pendant trois ans a particulièrement retenu l’attention. En fait, les deux économistes ont préconisé une négociation salariale non pas annuelle, mais bien triennale, à l’image de ce qui est appliqué en Allemagne.
Dans un contexte déjà morose, l’information n’est pas passée inaperçue. Aussi, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a rapidement éteint le feu en expliquant qu’une telle réforme n’était « pas prévu[e], à travers la loi ».
Cependant, la porte des augmentations à tout-va n’est pas ouverte pour autant. Le cabinet de conseil Aon Hewitt, dans son étude annuelle menée en juillet, estime que les hausses de salaires resteront faibles en 2015. En effet, les entreprises installées en France prévoient des augmentations de 2,6 %, contre 3,2 à 3,4 % avant la crise de 2008.
Malgré le pessimisme ambiant, plusieurs experts s’accordent à dire que les patrons pourraient passer par d’autres voies pour améliorer le sort de leurs salariés, notamment en jouant la carte de la part variable (intéressement, participation, plan épargne…). Les primes restent par exemple une option envisageable pour récompenser les collaborateurs les plus performants.
En 2010, 50 % des entreprises ont distribué des primes « liées à la performance collective, à leurs cadres comme à leurs non-cadres », souligne une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée début décembre. Le document ajoute qu’environ 60 % ont versé des primes liées à la performance individuelle à leurs cadres et 50 % à leurs non-cadres.
La crise a clairement eu un impact sur les politiques menées par les dirigeants, puisque 40 % des établissements de 11 salariés et plus du secteur marchand non agricole ont appliqué dès 2010 une politique salariale « restrictive ». En 2010, 6 % des entreprises d’au moins 20 salariés n’ont accordé ni augmentation, ni primes à leurs salariés, soit deux fois plus qu’en 2004.