Brexit : Les Français du Royaume-Uni ont-ils peur pour leurs emplois ?
Auteur Aurelya | Catégorie Edito emploiFocus – Plus de 300.000 Français vivent au Royaume-Uni et une bonne partie d’entre eux y travaillent. Alors, comment ont-ils vécu le Brexit ? Le référendum remet-il en question leurs objectifs professionnels ? Ont-ils pensé à un plan B ?
C’est sous le choc que les Européens se sont réveillés le 24 juin 2016. Avec 52 % des voix, le Royaume-Uni a voté pour sa sortie de l’Union européenne (UE) lors d’un référendum que les derniers sondages annonçaient pourtant acquis à la cause du « remain », à savoir le maintien dans l’Europe des 28.
Si l’annonce des résultats a mis K.O une bonne partie de la classe politique, la nouvelle ère qui s’ouvre, empreinte d’incertitude, a également ébranlé les peuples… Et notamment les quelque 3 millions d’Européens non-britanniques vivant dans le pays, dont plus de 300.000 Français.
« C’est une gueule de bois phénoménale », lance Denis expatrié français en Grande-Bretagne depuis vingt ans. Directeur général d’un hôtel situé dans le comté de Northumberland, au nord de Newcastle, il ne cache pas avoir reçu un coup de massue au lendemain du vote. « Ça fait mal quand même… Je ne pensais vraiment pas que ça allait passer », explique-t-il amer.
Malgré le séisme, il a fallu rassurer les employés de l’établissement dont il est à la tête depuis huit mois. « Immédiatement, nous avons fait un communiqué expliquant que rien ne change : ni les conditions de rémunération, ni les conditions d’emploi. Tant que l’article 50 [du traité de Lisbonne] n’a pas été invoqué [et lançant de fait la procédure de retrait de l’UE], nous faisons toujours partie de l’Europe », commente-t-il.
« Au niveau de l’emploi, le Brexit nous inquiète tous »
Camille, Content Manager à Londres
Et si la situation venait à se corser, il lui reste une carte en main : son éligibilité à la nationalité britannique. « La semaine dernière, oui, nous en avons parlé avec mon épouse également française », explique notre interlocuteur. Cependant, « en avons-nous vraiment envie ? Notre nationalité, c’est aussi une part de notre identité ».
Si les conséquences du Brexit [pour Britain Exit] restent floues pour les non-Britanniques qui travaillent et vivent sur le territoire, elles le sont d’autant plus aux yeux de Camille qui officie actuellement en tant que Content Manager freelance au sein d’une grande entreprise spécialisée dans le voyage.
« Au niveau de l’emploi, ça nous inquiète tous. Mais en tant que freelance, ça m’inquiète davantage. Faudra-t-il un permis de travail pour exercer ? Un visa ? Dans certains pays, ce sont les entreprises qui payent [ces passeports pour l’emploi]. Le feront-elles pour des freelances ? »
Et d’ajouter : « J’ai vécu quatre ans à Dublin [Irlande] et cela fait maintenant quatre ans que je suis à Londres. Mon compagnon est Britannique, j’aime mon travail… Je n’ai pas envie de partir. Mais le Brexit m’oblige à me poser ce genre de questions. Des décisions seront à prendre en fonction de la tournure que prendront les négociations [liées au retrait]. »
Sa collègue et compatriote Charlotte, spécialiste SEO, vit, quant à elle, depuis six ans outre-Manche. Ironie du sort, elle avait décroché depuis janvier 2016 son CDI après trois ans d’ancienneté dans l’entreprise. Chamboulée par la nouvelle ? C’est peu dire : « Le lendemain du vote, je me suis mise en télétravail, c’est l’avantage d’être dans une boîte plus flexible. […] Je n’avais vraiment pas envie de voir du monde. » « Pour nous qui sommes là depuis plusieurs années, le Brexit, c’est comme un revers amoureux », concède-t-elle.
Son projet de s’envoler pour l’Australie début 2017 tombe donc à point nommé.
« Avec mon copain – il est Néerlandais –, nous en avions parlé bien avant le Brexit. Mais on voyait ce voyage comme une parenthèse d’un ou deux ans avant de, pourquoi pas, revenir en Angleterre. Si cela se concrétise, nous partirons un peu plus tristes que prévu. »
Du côté de l’Ecosse, c’est également la douche froide. Comme à Londres, la population a voté à une large majorité pour le remain. « Je suis déçue… C’est tellement triste. Je n’arrive même plus à me concentrer», raconte Camille, professeure en médecine à l’université de Glasgow.
Et ce, malgré les nombreux témoignages de soutien que cette expatriée depuis plus de quinze ans a reçus de la part de ses amis, sa famille, ses voisins… Mais aussi sa patronne ! « [Elle] m’a envoyé un email après l’annonce des résultats. Il était écrit en français ! Elle m’a rassurée sur le fait que s’il fallait payer pour que je puisse occuper mon poste, l’université le ferait. »
Ici, le Brexit rime inévitablement avec catastrophe. « L’Ecosse accueille de nombreux étudiants européens… Mon mari, qui est Ecossais, travaille également à l’université. Il est dans la recherche, un secteur financé en grande partie grâce aux aides de l’UE. »
Si la déception se révèle évidente, les sentiments n’ont pas laissé place à la panique. Car tous savent qu’il faudra compter au minimum deux ans avant de voir appliquer d’éventuels changements. Mais pour cela, encore faut-il que la procédure de séparation commence.
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