Cela fait maintenant dix ans qu’ENO Groupe collabore avec l’EPCNPH, un centre pour personnes handicapées mentales. Laurent Colas, directeur général, revient pour Jobintree sur cette expérience qui permet la rencontre entre « deux mondes ».
ENO Groupe, qui a célébré son 100e anniversaire dans son fief historique à Niort en septembre 2016, collabore depuis dix ans avec l’Etablissement public communal de Niort pour personnes handicapées (EPCNPH). Ici, la nature des troubles est mentale explique Laurent Colas, directeur général de l’entreprise spécialisée dans la réalisation de planchas et de chauffages en fonte.
« Au début, nous avons fait appel à un petit effectif pour lui confier des tâches simples comme la mise en sachet de visses des chariots à plancha à monter soi-même. Il faut bien comprendre que c’était un monde que nous ne connaissions pas du tout et on sentait chez certains ouvriers une réticence. Au fil du temps, ces deux mondes ont fini par se rejoindre et les barrières sont tombées. On a tous des préjugés terribles. Puis, on arrive à discuter, à échanger et à créer du lien. »
Et d’ajouter : « Ces personnes sont certes handicapées mentales, mais elles viennent travailler, se socialisent, etc. Et si on fait suffisamment l’effort de bien leur expliquer les choses, elles gagnent en technicité et savoir-faire. Aujourd’hui, nous leur confions l’intégralité de l’assemblage d’une plancha. » Laurent Colas poursuit : « On confie des travaux qualifiés aux personnes plus qualifiés. Il nous arrive de travailler en binôme : par exemple, un soudeur sera secondé par un travailleur handicapé. Ce dernier va préparer une pièce avant soudure puis la nettoyer après et prendre part ainsi à la réalisation du produit. »
Si le contrôle qualité reste entre les mains des experts de la maison, ENO Groupe fait appel à cette main d’œuvre plusieurs fois par an, en fonction de la saisonnalité. Au plus fort de l’activité, ce sont vingt à trente personnes qui viennent grossir les effectifs de l’usine.
Cependant, le DG balaye rapidement toute pointe d’angélisme : « Tout ça, ce n’est pas sans difficulté. Nous sommes fiers de notre démarche, mais il faut garder à l’esprit que ce sont des personnes fragiles, souvent malades et qui sont absentes régulièrement. Il y a des problèmes de mémorisation aussi, et il faut parfois tout reprendre et tout réexpliquer. »