Avec 2 millions d’emplois directs et indirects, ainsi qu’une balance commerciale excédentaire de 12 milliards d’euros, le tourisme s’affiche comme le secteur à suivre. Concentrant les espoirs de croissance et donc de création d’emplois, il pourrait devenir la meilleure arme pour lutter contre le chômage. Les enjeux se révèlent considérables et les défis à relever nombreux.

«Nous recrutons chaque année 5.000 G.O sur la seule zone Europe-Afrique-Moyen-Orient (EAMO) sur plus de 100 métiers différents », déclare Lisa Le Bloas, responsable présélection recrutement EAMO au Club Méditerrannée. Et de préciser : « Nous avons besoin de personnes qui soient à la fois mobiles et en mesure de travailler dans un environnement haut de gamme et international. La maîtrise de l’anglais est indispensable. »

Même en période de crise, le secteur du tourisme recrute. Et pas qu’un peu. Les professionnels de l’animation ainsi que les serveurs font partie des dix métiers les plus recherchés par les employeurs, rapporte l’enquête Besoin en main d’œuvre (BMO) 2015, dévoilé par Pôle Emploi en avril dernier.

Rien qu’en hébergement et restauration, le nombre de projets de recrutement dépasse les 237.000 postes en 2015. La branche tourisme n’a pas dévoilé tout son potentiel et pourrait générer encore bien plus d’emplois dans les années à venir.

Lors des Matins de l’économie, un événement organisé en avril 2015 par le JDD et V.Conférences, Jean-François Rial, Pdg de l’agence Voyageurs du monde, a souligné que le tourisme pourrait créer un million d’emplois rien qu’en France, si notre pays parvient à attirer 200 millions de touristes par an.

Pour l’heure, le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius vise un objectif plus modeste : passer de 84 millions de touristes en 2014 à 100 millions d’ici 2020. Combien d’emplois sont alors en jeu ?

Le sénateur-maire Luc Carvounas, spécialiste des questions liées au tourisme, préfère rester prudent sur la question. « Ne sortons pas un chiffre de notre chapeau qui n’aurait pas réellement de sens », déclare-il. Mais il ajoute : « Entre 2000 et 2010, l’emploi salarié s’y est accru de 15%, même en temps de crise. » Aussi, tous les espoirs sont permis. A condition que la France revoit sa copie.

Pour lire l’intégralité de l’interview du sénateur-maire Luc Carvounas, cliquez ici.

Et elle s’y attèle. L’Hexagone envisage de se doter d’une politique de promotion cohérente, d’accompagner le développement des technologies numériques, de créer un fonds d’investissements ou encore d’améliorer l’accueil des visiteurs.

Ce dernier point doit devenir une « priorité nationale », a souligné Laurent Fabius. D’autant plus que d’après un rapport remis le 11 juin par le Conseil de promotion du tourisme (CPT), « les taux de satisfaction (des voyageurs étrangers) sont 30 % en dessous de la moyenne européenne en termes de rapport qualité-prix ».

Nous l’avons vu récemment, les débordements liés à la bataille Uber-Taxis n’ont pas redoré l’image du pays. Et ont inquiété les professionnels du secteur. Dans un communiqué, le vice-président de Hyatt France, Michel Jauslin, s’alarme : « Nous, Hyatt en France et hôteliers parisiens, en prise directe avec la clientèle touristique et d’affaire, nous mesurons, quotidiennement, l’impact que peuvent avoir les événements qui se produisent, dans notre pays, et à Paris. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que ce qui s’est passé (…) aura des conséquences lourdes et durables, pour les destinations France et Paris, et ce d’autant plus que les pays et villes concurrents, ne manqueront pas d’attiser le trouble observé, par nos potentiels clients, lorsqu’ils constatent que leur sécurité, sans même parler de leur confort, n’est pas assurée. »

Et c’est chose faite… Le quotidien britannique The Daily Telegraph a sauté sur l’occasion pour décrire les Français comme l’une des populations les moins sympathiques d’Europe.

En plus d’une nouvelle politique d’accueil, relayée par une ambitieuse campagne médiatique en France et à l’étranger, le CPT lance un important chantier sur la formation. Plusieurs pistes sont à l’étude dont une conférence des grandes écoles du tourisme, la fusion des contrats d’apprentissage et de professionnalisation ou encore la mise en place d’un portail d’information et d’orientation aux métiers du tourisme.

Le CPT réfléchit également à la création d’une chaire de recherche qui contribuerait à donner au secteur ses lettres de noblesse.

Le but : revaloriser des postes hautement stratégiques.

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