Un parcours, une histoire : Anne-Marie Enescu, journaliste « Je ne regrette pas un seul instant »
Auteur Aurelya | Catégorie InterviewVoilà plus de dix ans qu’Anne-Marie Enescu officie en tant que journaliste, un poste rare et convoité. Pour Jobintree, elle revient sur sa formation et son parcours professionnel. Et nous explique comment elle parvient à vivre de sa passion pour l’information.
Jobintree : Pourquoi avez-vous embrassé la carrière de journaliste ?
Anne-Marie Enescu : Quand j’étais jeune je voulais devenir avocate – je regardais trop « La Loi de Los Angeles » à la télévision – ou égyptologue car j’adorais l’Egypte ancienne et l’Histoire… Puis, au lycée, journaliste m’est apparu comme évident. Je voulais faire un métier dans lequel je me sentirais libre, où je pourrais être utile aux autres, où je ne serais pas restreinte par un seul domaine de connaissances, où je pourrais écrire et faire aussi plein d’autres choses. Enfin, un métier où je pourrais communiquer avec et pour les autres. En un mot, une profession où je ne m’ennuierais jamais ! Et même si aujourd’hui, cela peut paraître utopique quand on connaît la réalité de mon secteur, je ne regrette pas un seul instant.
Jobintree : Quelle(s) formation(s) avez-vous suivi ? Et pourquoi ce(s) choix ?
A-M. E. : Après une classe préparatoire Hypokhâgne, je me suis inscrite à l’université. Je n’ai pas souhaité faire la Khâgne car l’esprit « classe prépa » n’était pas pour moi. J’ai entamé des études d’Histoire, puis d’Italien et d’Etudes européennes à La Sorbonne (Paris IV et Paris III). Histoire et langues, c’était parfait pour moi : des formations qui s’ouvrent au monde – connaissances et communication – et qui permettent d’acquérir une solide culture générale. J’ai ensuite intégré le CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes), à Paris. J’étais en alternance, car au final ce métier s’apprend moins dans les livres que sur le terrain.
Il y a quelque temps, j’ai complété cette formation initiale par une autre formation de journaliste multimédia à l’EMI-CFD à Paris par le biais du DIF (devenu le , ndlr) : vidéo, Web, réseaux sociaux, etc. Mon métier évolue et il est très important de suivre le mouvement pour ne jamais être dépassé.
Jobintree : Votre formation vous est-elle utile aujourd’hui ? A quelle niveau ?
A-M. E. : Comme je le dis, le journalisme s’apprend surtout dans une rédaction. Mais l’école, pour ceux qui la font, car beaucoup de journalistes ne passent pas par la case « école de journalisme », n’est pas une ineptie. Bien au contraire… Pour ma part, elle m’a déjà permis de comprendre que « journaliste » est un terme générique qui englobe plusieurs métiers – la profession ne s’arrête pas au grand reporter de guerre ou au rédacteur politique – et aucune des catégories journalistiques n’est meilleure qu’une autre, elles sont toutes nécessaires pour l’ensemble du métier. Outre les connaissances donc, l’école tend aussi à transmettre la déontologie et les bases du métier de journaliste, qui sont quand même fondamentales… Elle offre enfin la possibilité d’avoir une reconnaissance, même minime, vis-à-vis de ses pairs. Cela vaut surtout quand on est journaliste débutant, après, et heureusement, l’expérience prend le pas.
Jobintree : Ce n’est pas un scoop, trouver un emploi de journaliste reste difficile. Les places sont chères. Comment s’est donc passé pour vous votre arrivée sur le marché du travail ?
A-M. E. : Certains de mes condisciples de l’école de journalisme ont changé de voie par la suite, car justement « les places sont chères » et il faut se battre tout le temps. Pour ma part, je pense avoir eu de la chance. Au bout de onze ans, je fais toujours ce métier et avec la même ferveur. A la fin de ma formation, j’ai débuté réellement dans la profession comme journaliste pigiste (freelance payée à l’article ou à la mission), pour plusieurs supports. C’est un métier qui fonctionne pas mal par recommandation, pour ne pas dire piston, se faire un carnet d’adresse est donc essentiel. D’où l’importance de l’entraide avec ses collègues et amis journalistes : le réseau commence par là.
Mais, ce serait mentir que de dire que ça a été facile tous les jours : jongler entre les piges, le chômage et les mois où on « oubliait » de me payer n’est pas chose aisée. Il faut donc être patient, acquérir de l’expérience, se faire des contacts, être bon, persévérer dans son ou ses domaines, développer son bagou, et croire en sa bonne étoile. Des fois ça marche, d’autres fois non… Moi, j’ai acquis beaucoup d’expérience, je sais faire plein de choses tout en étant spécialisée, et j’ai eu de la chance de travailler presque toujours pour des secteurs qui me passionnaient.
Jobintree : Pouvez-vous nous parler de votre situation actuelle ? Pour quel(s) média(s) travaillez-vous ? Quelles sont vos missions, vos tâches ?
A-M. E. : Après m’être occupée pendant cinq ans de la newsletter du magazine de cinéma et de télévision Ecran Total, je suis partie il y a presque deux ans pour de nouvelles aventures. Ca peut paraître fou de quitter un CDI de nos jours, et surtout dans ma profession, mais je voulais découvrir d’autres horizons… Aujourd’hui, je suis de nouveau pigiste/freelance et je collabore pour plusieurs supports papier et Web – dont le quotidien 20Minutes – comme rédactrice et éditrice. Principalement dans la culture. J’écris, réalise des interviews, des papiers de fond, je corrige, met en forme aussi bien sur le Web et que sur papier. Ce que j’aimerais faire aujourd’hui en plus, c’est de la vidéo.
Jobintree : Quelles sont vos ambitions à court, moyen et long terme ?
A-M. E. : Continuer à faire ce que j’aime ? Avoir plus de collaborations ? Avoir plus de responsabilités ? Transmettre mon expérience ? Travailler pour des journaux ou sites Web étrangers ? Retrouver un CDI ? Bref, un peu de tout je pense à la fois. La priorité numéro un reste de continuer à pratiquer mon métier et d’avoir toujours du travail et pour des supports qui me plaisent…
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