Brodeur

Haute couture, robes de mariée ou de soirée, lingerie féminine, uniformes (d'officier, de préfet, d'académicien...), prêt-à-porter, mouchoirs, pochettes, linge de maison (rideaux, parures de lit, coussins, nappes et serviettes...), costumes de cinéma, tenues de scène pour les revues du Lido ou du Moulin Rouge... Des hautes sphères du luxe jusque dans notre univers quotidien, les broderies sont très largement utilisées. Prudents, les patrons d'atelier n'embauchent qu'en fonction des commandes et toujours au compte-gouttes. Dans la haute couture, le travail est soumis à un rythme saisonnier, avec des périodes de pointe quand il faut boucler les collections. La France ne compte qu'une petite vingtaine d'ateliers de création artisanale (dont la moitié à Paris). Dans les industries, la délocalisation de la broderie à l'étranger représente un véritable danger pour les salariés. Les contrefaçons nuisent également à la santé du secteur. A partir du Smic

Étant donné leur coût, les broderies réalisées à la main intéressent presque exclusivement les maisons de haute couture. Dans la région parisienne, on compte une petite dizaine d'ateliers artisanaux qui emploient chacun une trentaine de brodeuses au maximum. Quelques broderies mécaniques sont implantées autour de Paris et de Lyon, mais la plupart d'entre elles se concentrent dans le Nord de la France (à Cambrai et Saint-Quentin). Il existe plusieurs façons de broder : à la main ou au crochet, à la machine à broder ou sur un « métier » industriel. Depuis plusieurs années déjà, on utilise l'ordinateur pour les phases de conception et de dessin. Une nouvelle génération de métiers à broder électroniques vient d'être lancée sur le marché, mais elle coûte très cher et seules les entreprises les plus solides peuvent se permettre un tel investissement. Quand elle exerce dans un atelier rempli de machines, la brodeuse est immergée dans un environnement bruyant. Selon le niveau sonore, le port de bouchons ou de casques antibruit peut être recommandé, voire obligatoire.

La broderie main est un travail de haute précision. Elle requiert une vue parfaite, de la dextérité et un certain goût du perfectionnisme. La broderie mécanique demeure un art, même si ce sont les machines qui font les points. Habileté et sens de l'esthétique font donc, là aussi, partie des qualités indispensables. La broderie demande du temps, surtout quand on se met au service de la haute couture. Pour chaque collection, un atelier de renommée internationale peut présenter entre 250 à 300 échantillons. Et un échantillon peut compter jusqu'à 100 000 points et représenter à lui seul de 40 à 60 h de travail. La diversité des matériaux et des techniques utilisés oblige la brodeuse à se remettre sans cesse en question. Elle a dû, par exemple, se familiariser avec la programmation informatique des machines à broder. Le métier demande également de suivre de près les tendances de la mode et de s'adapter aux goûts de la clientèle.

La brodeuse incruste de petits éléments de décor dans un tissu pour y apporter une variante. Le tout en respectant l'harmonie de l'ensemble. Les éléments peuvent aussi être brodés en relief. Au service d'un grand couturier, elle utilise des matières précieuses (fils d'or ou d'argent, paillettes, perles, pierreries, plumes, etc.). La « brodeuse main » imagine et dessine des motifs, seule ou en collaboration avec un styliste. Ses motifs sont ensuite reproduits sur le tissu, tendu sur un métier à broder, à l'aide d'un calque transparent ou d'un carbone blanc. La brodeuse a le choix entre plusieurs familles de points : de croix, de noeuds, linéaires, plats... Chacune de ces techniques permet d'obtenir un effet différent : renforcement d'une bordure, remplissage d'une zone, création d'une texture, etc. La brodeuse jongle ainsi avec ces diverses options pour enrichir ses créations.

Il existe assez peu de formations, ce qui est normal vu l'étroitesse des débouchés. Le CAP offre une bonne base de départ. Mais il est conseillé de poursuivre jusqu'au niveau BMA. Des formations complémentaires organisées en étroite collaboration avec les entreprises régionales, sont également intéressantes. Le nec plus ultra : le DMA. • CAP arts de la broderie; • Brevet des métiers d'art (BMA) broderie; • Formation complémentaire d'initiative locale (FCIL)arts de la mode; ornements sur textiles, option mode et spectacle; • Diplôme des métiers d'art (DMA) arts textiles et céramiques, option arts textiles.