Djamal Hamache, champion de la finance et de basket-fauteuil
Auteur Aurelya | Catégorie Les rendez-vous emploiDjamal Hamache, 46 ans, a un parcours héroïque. Et comme tout héros qui se respecte une humilité déconcertante. Atteint d’une poliomyélite à l’âge d’un an et demi, il brave les obstacles un par un pour se hisser aujourd’hui au poste de gestionnaire middle office dans l’une des plus grandes compagnies d’assurance du monde Allianz. Et parvient dans le même temps à devenir une figure emblématique du handisport de haut niveau !
Né en Kabylie, c’est durant sa petite enfance qu’il arrive en France, en internat, pour y recevoir des soins adaptés. Pendant de nombreuses années, il enchaîne les séjours à l’hôpital où il subit des interventions chirurgicales. Son parcours scolaire s’en trouve fortement perturbé. « Je n’ai pas connu le processus classique. Pour moi, c’était les classes par correspondance et les aménagements du temps de travail. Aussi, je n’ai pas pu aller aussi loin que j’aurais voulu dans les études », explique-t-il.
Cela ne l’empêche pas pour autant de briller en comptabilité et de décrocher CAP, BEP et Bac pro, avant de continuer à se former sur le terrain vers les métiers de la finance qui l’intéressaient davantage. Son arrivée sur le marché du travail, il s’en souvient très bien. « C’était un poste dans la prévoyance de l’enseignement privé. » L’accueil ? « Il faut remonter à plus de vingt ans en arrière et les choses étaient bien différentes d’aujourd’hui. L’accueil n’était pas aussi chaleureux que l’on pourrait le penser. J’avais mis plus de deux ans pour décrocher un emploi en envoyant de nombreuses candidatures. Un certain nombre de recruteurs avaient été intéressés par mon profil, puis changeaient d’avis au moment de l’entretien. L’époque était différente. C’était beaucoup d’effort pour être considéré comme les autres. Mais ça endurcit, ça forge », positive-t-il.
Loin de se reposer sur ses acquis et de chercher une planque, Djamal Hamache vise surtout l’épanouissement professionnel. « Dès que je n’apprends plus et que je m’ennuie, je change. » C’est ainsi qu’il rejoint une société de bourse en ligne en front office, puis une société financière filiale du Crédit Agricole avant d’être embauché en 2011 par l’AGI, une filiale du groupe Allianz spécialisée dans la gestion d’actifs. Deux ans plus tard, c’est à la maison mère qu’il fait son entrée. « Le groupe mettait en place un nouveau service middle office. Cela m’a intéressé de suite car c’était un nouveau challenge. »
Parallèlement à sa carrière dans les hautes sphères de la finance et de l’assurance, Djamal Hamache pratique le basketball-fauteuil à haut niveau. Et comme l’homme est du genre discret sur ses performances, ses collègues et sa direction ne l’ont appris qu’en 2015 ! « Etant donné que je m’entraîne le soir de 20h à 22h, cela n’a jamais empiété sur mon temps de travail. Mais cette année-là , du fait de ma double nationalité, j’ai été sélectionné pour rejoindre l’équipe d’Algérie et participer à la Coupe d’Afrique, épreuve qualificative pour les Jeux Paralympiques de Rio. Pour pouvoir participer à cet évènement, j’ai dû en parler avec mon employeur afin de voir les aménagements possibles pour m’absenter et me rendre disponible pour le tournois. »
Une annonce qui a été très bien reçue par la direction et notamment par Peter Etzenbach, membre du comité exécutif d’Allianz France en charge de l’unité finance. « Il m’a soutenu et vraiment, je lui rends hommage parce qu’il l’a fait en toute sincérité, sans faille. J’étais serein pour appréhender la compétition. J’étais libéré. » C’est ainsi qu’il s’est ensuite envolé pour Rio. Même s’il est revenu sans médaille, cette expérience restera gravée. « Les J.O, c’est exceptionnel, magique ! Je comprends pourquoi les athlètes veulent tous être qualifiés. L’accueil a été fabuleux. Lors des compétitions handisports, les stades étaient pleins. Les gens sortaient en famille. Et peu importe votre résultat, ils venaient vers vous pour vous féliciter. »
Et la prochaine étape ? Ce papa de deux enfants, de 10 et 13 ans, « espère qu’il y aura de nouvelles perspectives, de nouveaux défis à relever ». « Ce sera peut-être à moi de les provoquer. En tout cas, j’aspire à évoluer et à avancer », lâche-t-il. Nul doute qu’il pourrait encore bien nous surprendre.
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